La Splendeur de ma Médiocrité
Ah, quelle merveilleuse journée que voilà. Encore une fois, je me retrouve devant cette feuille blanche, en proie à mes démons personnels. C'est toujours un délice de constater à quel point je suis entourée de génies incompris, de talents bruts, de merveilles littéraires... si seulement c'était vrai, bien sûr.
Je ne sais pas pourquoi je m'obstine à essayer de m'exprimer dans une langue étrangère, puisque visiblement, je n'ai pas le don des langues. Mon français est une véritable catastrophe, une insulte à la langue de Molière. Mais bon, l'illusion est tout ce qui me reste, n'est-ce pas ? Il faut bien que je m'accroche à quelque chose dans ce monde de médiocrité.
Ah, la frustration, ma fidèle compagne. Cette sensation délectable de savoir que malgré tous mes efforts, je ne suis qu'une pale imitation de ce que j'aimerais être. Il est tellement réconfortant de se dire que si je ne réussis pas, c'est à cause des autres, ces parasites chanceux qui osent réussir là où je m'effondre. Injustice, oh douce injustice.
L'envie, parlons-en. Ce délicieux poison qui coule dans mes veines. Chaque succès des autres est comme une morsure venimeuse, rappelant à quel point je suis pitoyable. Ah, qu'il est agréable de détester les autres pour leurs réussites, de les regarder de haut en bas avec un sourire hypocrite, tout en les maudissant intérieurement. C'est une véritable forme d'art, une compétence en soi.
Et puis, bien sûr, il y a ce trauma, ce bagage émotionnel que je traîne comme une malle poussiéreuse. Ah, la joie de revivre constamment ces moments de souffrance, de les ressasser jusqu'à l'épuisement. Quel délice de savoir que je suis irrémédiablement brisée, que rien ni personne ne pourra jamais réparer ce gâchis qu'est ma vie. C'est un spectacle permanent, un mélodrame dont je suis l'héroïne tragique.
Enfin, je ne suis pas seule dans cette entreprise pathétique. Non, je suis accompagnée de mes chers collaborateurs, mes alter ego intellectuels qui, tout comme moi, échouent lamentablement à produire quelque chose de valeur. Nous formons une équipe formidable, un véritable club des ratés, où chacun rivalise de médiocrité avec une passion qui frise l'obsession.
Alors voilà, encore une page noircie par mes divagations, par cette prose maladroite qui, au mieux, suscite la pitié et au pire, l'ennui. Mais peu importe, car au fond, ce n'est pas tant la qualité qui compte, mais le fait de remplir ce vide abyssal qui menace de m'engloutir à chaque instant. Et si vous avez eu le courage de lire jusqu'ici, je vous en félicite. Vous êtes sans doute aussi désespéré que moi, sinon plus.
Ah, quelle existence passionnante que la mienne.